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Afrique

Maroc

Les rencontres sont riches et variées et il n'est pas rare de s'arrêter une semaine dans une famille, tant nous sentons l'émotion passer. La montagne, l'accueil des bergers aux maisons de pierres minuscules, les familles berbères si chaleureuses, visions d'une vie simple... Tout cela nous envoûte. Rochers aux formes curieuses, granit rose en ébullition, canyons subitement enneigés, troupeaux de chèvres, champs de safran, cultures en terrasses,... On se souvient d'une nuit dans une école en compagnie de deux institutrices, de ce vieux monsieur de 80 ans qui nous ouvre les bras en pleine pluie diluvienne, d'un cycliste champion du Maroc et de sa femme si gentille, de cette petite Sanah qui grimpe sur les épaules de Phil dans une famille de soudeurs, de grosses rigolades avec nos amis gendarmes,... Et puis, le sable et les cailloux: Le Sahara Occidental, ce sont nos deux vélos qui dévalent le goudron vers le sud, à toute allure, poussés par un vent dans le dos. Parfois jusqu'à 130 kilomètres par jour, et des nuits récupératrices, mais pas trop, dans des stations essences ou des campements de pêcheurs. Ici, ce sont les longues lignes droites en bord de falaises majestueuses desquelles nous apercevons de vieilles épaves toutes rouillées qui rendent l'atmosphère si particulière.

Mauritanie

Notre désert, c'est la solitude de campements magiques en pleine montagne noire de l'Adrar, d'immenses canyons, de superbes montagnes flanquées de sable orange ou jaune clair. C'est aussi la fraîcheur de certaines oasis, des palmeraies verdoyantes, des villes anciennes envahies par le sable, un rien trop touristiques. Nous dormons souvent en bord de piste, pleine brousse, où trois bouts de bois suffisent pour embraser un feu qui s'allume en un clin d'œil, histoire de cuisiner nos pâtes au thon "traditionnelles". Regards en coin des dromadaires.

Sénégal

Dakar, Sambaly Cissoko, sculpteur rencontré à Atar, Mauritanie, nous accueille avec son grand sourire et sa bonhomie naturelle. Avec lui, sa famille et ses amis, nous passons de longues journées à apprendre et partager cette culture africaine si riche, qui nous met de bonne humeur. Le soir, devant cette grande maison du quartier Medine où tout le monde se confond, nous allons de fous rires en fous rires, grâce à toutes ses expressions africaines qui nous tombent dans l'oreille.

Mali

Ce 22 juin, le passage de la frontière marque une grande transition. Fin du goudron, terminé la fée électricité, place à la piste et aux petits sentiers qui zigzaguent en pleine végétation. Tanpis pour la pluie et les difficultés qu'elle peut engendrer, nous plongeons vers le sud, Kéniéba, aux frontières de la Guinée. Longeant la falaise de Tambaoura, nous avançons vers la fraîcheur de la forêt qui s'épaissit. Souvenirs inoubliables : pendant un mois, nous parcourons 800 kilomètres de pistes et sentiers, nous plongeons parfois en plein marigot, nous nous perdons souvent... et le but du jeu reste de demander notre chemin à tous ces cultivateurs au travail qui nous saluent sans cesse. Les villages de banco, en pleine région malinké, nous impressionnent par leurs différences, leurs cases décorées de formes géométriques, et leur ambiance toujours changeante.

Chefs de villages chaleureux, enfants timides mais curieux, les rencontres se succèdent et les villageois contents de nous voir nous envoûtent par leur accueil à la hauteur de leur sourire. Dans les calebasses, bouillies de mil et de maïs, couscous de mil sauce arachide, " toukotos " fruits sauvages, et quelquefois, du lait frais.

Burkina Faso

Pas plus tard qu'hier, nous montrions à notre famille d'accueil de Bobo-Dioulasso un petit article de presse paru avant notre départ. La photo parle d'elle-même : Elena a maigri d'au moins dix kilos et moi, mes cheveux longs s'éparpillent au gré du paysage, noués et cassés par le vent. Sans doute un symbole de liberté ! Endurcis par tant de visions, par tant de rencontres, nous passons d'une atmosphère à l'autre, appréciant le présent au maximum. Si l'on se sent bien dans un endroit, au sein d'une famille par exemple, nous redevenons sédentaires un moment.

Ghana

L'Harmattan souffle, le vent du Nord rend le ciel blanc. Tout change: les cases villageoises laissent place aux vieilles bâtisses de l'époque coloniale anglaise, les collines et montagnes apparaissent, avec leurs pistes impitoyables, si bien que notre traversée en zig zag devient pénible et compliquée. Comme d'habitude, nous tentons d'atteindre des points difficiles d'accès et malheureusement, la récompense n'est pas toujours au bout de l'effort. Pour nous donner du baume au cœur, nous cherchons des coins de paradis, au beau milieu de la végétation. Poussant nos vélos dans la caillasse, les chutes que nous atteignons nous réservent parfois la surprise de leur sécheresse. Campements solitaires dans le croassement infini des crapauds. Sur le goudron, les voitures deviennent folles. Les réactions des chauffeurs qui usent et abusent de leur klaxon tonitruant nous fatiguent beaucoup. Visage fermé, agressif, la tête sort de la portière et hurle: " Where you goin'? Where you come from? ". Vroum! la suivante nous a déjà frôlé...

Gabon

En pleine forêt, notre progression sur cette piste de latérite reste lente : à peine 20 à 25 kilomètres par jour. La pluie nous immobilise souvent plusieurs jours dans les villages isolés et désertés par la population. Les routes sont dans un état désastreux.

On entend parler de dispensaires vides, d'écoles fermées faute d'effectifs, d'enfants morts à cause des transports inexistants. A La Vouboué, par exemple, nous restons bloqués deux jours avec une dizaine de camionneurs qui attendent que le déluge cesse pour désengorger les bourbiers qui leur barrent la route. C'est à la main qu'ils videront ces immenses fosses de boue, se plaignant des politiques qui croisent volontairement les bras face à leur sort. Quant à nos vélos, cette piste gluante jonchée de traces et de crottes d'éléphants aura tôt fait d'immobiliser leurs roues: une véritable colle de latérite s'agrippe aux pneus et nous fait avancer mètre par mètre, dégageant la gomme de cette pâte immonde. Ce jour, seulement dix kilomètres d'avancée mais, une récompense au bout de l'effort : le miel naturel de La Wagnee, forêt des abeilles (...)

A Dibamba, petit village enclavé en haut de la montagne, Patrice et David, tous deux chefs du village, nous reçoivent à coups de vin de palme et vin de miel. Le lendemain, impossible de repartir: Patrice nous retient. Il nous emmène au pied de son palmier qu'il commence à escalader. En son sommet, il recueille le vin frais du jour. Maintenant, il faut vider la bouteille! Inutile de le dire, les jambes ne répondent plus vraiment et, ce jour-là, la montagne semble infinie.

Sao Tomé

Petite île touffue à 300 kilomètres des côtes du Gabon, Sao Tomé tente de nous reposer avant les retrouvailles émotionnelles avec la famille et les amis. Enfourchant une dernière fois nos bicyclettes, la mienne rend l'âme après 90 kilomètres. La roue arrière dont je n'ai pu remplacer les neuf rayons cassés vient définitivement de se voiler. Le pneu frotte sur le cadre et m'empêche de pédaler librement. Impossible de progresser. Retour à la Cidade, Sao Tomé. Elena gratte sa petite tête. Depuis Léconi, nous imaginons souvent notre retour. Cela nous perturbe, nos têtes bouillonnent. Parfois, la frénésie nous prend et nos langues déversent en pagaille les différents épisodes de notre beau voyage. Chaque jour notre état d'esprit varie. Hier, nous trépignions rien qu'à l'idée de réapparaître comme par miracle dans notre chère ville de Liège; aujourd'hui, le moral s'enfonce au plus bas.

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