Phil, l'escapade africaine

Ebonemi - une nuit avec Flaubert

24/12/2014

Je me souviendrai longtemps de cette nuit un peu inattendue, passée en compagnie de Flaubert. On avait d'abord causer toute la soirée de ce fameux paradoxe: la poussée du Sud vers le Nord, et moi qui trace dans le sens inverse. Flaubert s'en trouve flatter... mais a du mal à comprendre ma démarche. Dans la pénombre de la cuisine, la maman cuisine le fufu manioc au porc-épic. Wilson, de retour au village pour la fête, nous grille des épis de maïs sucrés, fraîchement cueillis au champs. Il aura bien essayé de me figer devant CNN et son émission captivante "Financial technology", mais il comprend vite que, pour un blanc qui ne possède pas la télé, c'est un peu mort. Vers minuit, Flaubert s'allonge à côté de moi sur le matelas. Il commence ses laïus de prières blabla blabla en cascade. Il tente ensuite de me lier conversation alors que je roupille ferme depuis déjà 2 heures. Ensuite, histoire d'arranger son trajet du lendemain, c'est le taxi-man qui fait irruption dans la chambre pendant juste une demi heure. Puis une moto débarque dans la cour; il se lève et blague avec ces hommes rentrés de la chasse. Notre homme se recouche enfin, se grattouille pendant 20 minutes, puis se met subitement à ronfler. Finalement, à 5 heures du mat, il m'avertit bien 5 fois que le jour pointe le bout de son nez, qu'il est temps pour lui de prendre son transport. Je ne réponds même pas. Qu'il aille se faire pendre! 6 heures, c'est maintenant Wilson qui prend le relais, allume la sono, et diffuse un tube de cette bombasse de Rihanna dont son frère a tapissé tous les murs de la petite chambre. Je suis déjà épuisé. Mais à 7 heures, j'attaque déjà ma première côte, horizon vert, les plantes odorantes me caressant la peau tuméfiée de leur rosée matinale rafraîchissante.