Phil, l'escapade africaine

Dioum - le bus un peu chaud

26/01/2015

Après quelques zigzags matinaux intrépides sous les yeux des flics de la capitale, j'arrive en vrac à la gare routière de Mvan où je tente de trouver un transport pour quitter le pays. Dans quelques jours, mon nouveau visa expire: je dois passer la frontière. Quand j'arrive, le bus s'apprête à partir, avec son chargement de passagers bien compressés comme des sardines. On hisse le vélo sur la galerie, et j'embarque sans prendre mon déj'. A Sangmelima, on change de bus. J'avale un dernier ndole pour la route et attends le départ, installé peinard dans le bar juste à côté, maté par une poupée de l'est du Cameroun, tout rouge-à-lèvre dehors. Comme à Yaoundé, ma monture termine sur le toit de cet espèce de bus ressemblant à une épave de banlieue qu'on aurait cramé, bien même, avec sa porte en carton toute bricolée en bonus. Mais le départ n'arrive pas et les passagers se rebellent pour finalement changer de compagnie. Bordel et engueulades... La carlingue branlante se lance à toute allure sur la piste défoncée. Boucan indescriptible de tôle froissée. Collée contre moi, la charmante Josiane me fait du grain. Taquinée par un des gars de l'agence, elle m'enlace et m'embrasse sur la joue, juste histoire de le provoquer. Regard en coin de la miss rouge-à-lèvre dans ma direction. "C'est ta copine?" me demande Josiane. Ni une ni 2, elle en profite pour m'enlacer de plus belle puis poser sa tête contre la mienne: "Elle est jalouse..." Elle finit par me prendre la main, la poser sur son sein bien ferme. Dans la nuit noire, le bus tangue de droite à gauche, stoppe parfois pour ouvrir le capot, recharger en huile. Le pot d'échappement crache des panaches multicolores, et parfois même, des étincelles. Les phares fonctionnent à moitié, l'un d'entre eux s'éteint par intermittence. De bosse en bosse, nos lèvres se frôlent au hasard de l'obscurité. Mais lorsque nous arrivons à destination, alors que je m'étale dans le caniveau profond non éclairé avec mon vélo, Josiane se volatilise dans le lointain. Me voici dans cet auberge miteuse, le vélo enseveli par la poussière de cette piste rouge, le short déchiré par tous les chocs du voyage. Et pendant que les tenancières alanguies dans le sofa léopard le recousent déjà, je me précipite vers la gare routière où, dans l'empressement, j'ai oublié un sac avec une grosse partie de mon cash. Ouf, rien n'a bougé... Demain, je tente de trouver un transport ou un hypothétique grumier vers le Congo.