Phil, l'escapade africaine

Bade - course en pleine forêt dense

01/02/2015

Dans la cour du chef du village, le chant du coq, c'est à 3h30 du mat. Si j'attrape ce stupide volatile, il va me payer très cher son délire. Bref, je me jette sur un restant de pâtes corned-beef froid de la veille, histoire de parer aux hasards du sentier. Jean-Michel, un géologue français qui m'a pris en stop hier avec son bâché, m'a invité à sa petite expé du jour : une balade facile en pleine forêt. Pour compléter les cartes géologiques du coin, il doit aujourd'hui atteindre une colline à 10km de là par une piste facile au milieu du domaine des grands arbres. A peine ce sac trop grand sur mon dos que notre bonhomme détale comme une gazelle dans le feuillage épais de ce monde vert. Tu parles d'une balade... Tout prend vite des allures de course haletante menée tambour battant par nos 2 guides pygmées et bantu, machette au poing, de collines en marigots... Sur ce chemin qui n'existe plus, parcours du combattant, je me traîne lamentablement, trébuche sur chaque racine, escalade des dizaines de troncs énormes, parfois vermoulus, qui barrent notre progression hasardeuse à travers les lianes géantes. Jean-Mi stoppe un bref instant notre escapade pour casser du caillou, analyser, consulter son gps dont la carte est erronée. Ca ne facilite guère notre aventure... Viiiite, une gorgé d'eau. Et merde, je n'ai qu'un litre et demi ! Je vais terminer tout séché... Arrivés à mi-chemin, exténués, une pause baguette-sardines-vache-qui-rit s'impose, les pieds dans une rivière perdue, sauvage et ombragée. Là, quelques petites bestioles ont décidé de me transformer en essaim bouillonnant. Je tente de garder mon calme face à cette trentaine d'abeilles captivées par mes vêtements trempés de sueur, tentant de se frayer un passage dans mes manches et mon col. Plus loin, Meyong s'arrête net dans la forêt. "Il a senti l'odeur du gorille" nous dit Anicé. 2 coups de machette qui résonnent sur un arbre, une imitation du cri de l'animal, et nous reprenons notre course contre l'obscurité... Je braque mes yeux sur le jaune fluo des tongs d'Anicé, ses chaussettes rouges trouées, hanté par l'esprit de la forêt.