Phil, l'escapade africaine

Rivière Motaba - étoiles filantes vers Makao

22/03/2015

Pirogue express vers Makao. Déjà le nom, j'aurai dû me méfier. Les jeunes pinassiers avancent de village en village... pour se ravitailler en toko, alcool de maïs et de manioc, et en peket, vin de palme frais de la région. Tout un programme pour 3 jours de rivière vers cette inaccessible réserve. D'emblée, le mundele fait partie de l'ambiance familiale de cette quinzaine de passagers. L'équipage dopé aux biscoteaux, quelques étalons frimeurs, le vieux papa blagueur, le type de RDC jovial au rire communicatif, les 2 mamans et leurs enfants sages, la grand-mère autochtone, sans oublier les 2 donzelles charmeuses. Doucement, la pirogue vire de méandres en méandres. Ma tête pivote dans la voie lactée, s'émerveillant des étoiles, scrutant Cassiopée et la ceinture étrange de ce bonhomme qu'Ahmed nous avait appris à observer dans le Sahara. Parfois, le faisceau de la torche du piroguier éclaire la rivière Motaba, ses hautes herbes. L'éclairage de mon gsm presque déchargé sur lequel je pianote ces quelques mots anéantit ma vue, et toute la magie du moment. Tard dans la nuit, la musique d'un village accosté attise ma curiosité. Je me laisse guider par le feu autour duquel les pygmées des villages alentours sont venus célébrer les funérailles d'un ancien de la forêt. Mais tout ce petit monde remarque vite ma présence; impossible de passer inaperçu. Les danses faiblissent, jusqu'à presque s'éteindre. Tous les regards se braquent sur ma peau blanche. Mais très vite, un homme recharge le feu et les polyphonies reprennent de plus belles, s'élevant à nouveau dans la nuit. Ensuite, il y a ce curé arrogeant, intégriste, à qui je déclare avec force mon athéisme, tout sourire dehors. Mini-scandale. Déjà, le piroguier pressé démarre le moteur. A peine le pied posé à bord, les commentaires éthyliques fusent méchamment: ''Il faut baiser un pygmée'', me lance Michel, furieux. Et dans cet étroit canal qui nous éloigne du village, la pirogue ricoche de bords en bords, appuyée par les ricanements gras de ces soulards de pinassiers.