Phil, l'escapade africaine

Odziba bloc 103 km - maman Suzanne

06/04/2015

Je savoure... Sous les ardents rayons du soleil, le paysage s'ouvre sur le lointain, plongé dans tout ce jaune-paille qui s'embrase. Les plateaux s'effondrent et le ruban de goudron cavale vers la paisible rivière Lefini, laissant place au format cinémascope. Ce matin, dans la région du Pool, l'autre rive se met à remonter vers la falaise, plantant là quelques camions déglingués victimes de la pente. Au sommet, dans un décor plus verdoyant, les parcelles des villageois se succèdent de façon presqu'ininterrompue. A 103km de la capitale, maman Suzanne me capte par son regard, sa voix et ses attitudes fortes. Elle m'invite à poser la tente dans la parcelle, devant cette petite maison en tôle. Geoffroy, le beau-fils, vit ici depuis 2 ans, avec sa femme et ses enfants. Vie simple, autonome au point de vue nourriture. Dès mon arrivée, il m'offre quelques arachides fraîches et s'excuse déjà de la simplicité de ''la douche 3 tôles-seau d'eau-pierre'' dont j'ai pourtant l'habitude chaque soir. Maman Suzanne m'impressionne. A 60 ans, en pleine force de l'âge, elle me confie entretenir sa forme par le travail aux champs. Alors que je commence à manger un des meilleurs saka-saka de mes 4 mois en Afrique, maman me rappelle à l'ordre... et bénit le repas par un long discours qui me met à l'honneur, moi, l'étranger de passage dans sa modeste maison. En tête-à-tête, elle me parle avec fierté de ses 10 enfants dont certains la kidnappe de Brazza, où elle vit la plupart du temps, pour l'inviter chez eux, en Europe. Maman Suzanne, c'est un nid douillet de tendresse, une présence qui, d'un regard fixe, quasi hypnotique, te déclare son amour maternel intarissable. Assoiffé d'un soir, je bois goulument ce moment intense de bienveillance toute africaine, dont beaucoup, chez nous, ont déjà perdu toute trace dans la suractivité.