Phil, l'escapade africaine

Praia Jalé - bêtes touristes et huile de palme

13/06/2015

Alors qu'hier Jean-François m'invitait gentiment à manger, je rencontre ce matin un couple de touristes français trop nerveux à mon goût. "Il ne demandent pas n'importe quoi tout d'même, s'emballe-t-elle, ils demandent des bics et des cahiers..." Elle est en plein jetlag, la pauv' dame... Qu'est-ce qu'elle me raconte? De mon côté, j'ai beau parcourir l'île de long en large, je ne trouve que de petits enfants qui réclament des bonbons, conséquence du touriste qui se croit au zoo, distributeur à tout va. Mais pour ce couple-là, tout São Tomé est pauvre, tous "ces gens" sont dans le besoin... Surtout, il faut les aider... J'y repense plus tard et m'amuse à les caricaturer: "Regardes chéri, le bel enfant... Tu as vu, il est tout sale, il est pied nu, il n'a sans doute rien n'a manger... Vite, donnes-lui quelque chose, fais quelque chose pour lui..." Soulagés par leur geste, ils se donnent sans doute bonne conscience, se confortant dans leur matérialisme, leur aisance, histoire de se sentir mieux dans leur peau de touristes au porte-feuille bien garni, choqués par tant de différence. Ils sont loin d'imaginer que d'autres modes de vie que le leur existent, proches de la nature, en harmonie avec celle-ci. Plus grave pour São Tomé, le sud des terres vit actuellement une véritable catastrophe écologique. Le groupe Agripalm vient d'y défigurer le paysage, achetant les terres des villageois, parfois pour une bouchée de pain, afin d'y planter ces fameux palmiers, machines à rendement pour la reine de la mal-bouffe, la "divine" huile de palme. Une fois de plus, on préfère jouer le jeu des multinationales capitalistes, au détriment des populations, de l'équilibre unique et fragile du biotope de ce petit paradis. Avec la complicité des gouvernements, le pillage continue...