Phil, l'escapade africaine

Praia Jalé - à la Robinson

14/06/2015

Ça fait quelques jours que je m'la joue Robinson, pédalant de plage en plage, préparant parfois mes succulentes pâtes au thon. Hier, record absolu: j'avance juste de 5 kilomètres. Poser mon p'tit derrière ici, face à la mer qui se jette sur quelques rochers de lave tranchante, entre cocotiers et amandiers. Sans doute un des endroits de l'île où la mer est la plus turbulente; parfait pour s'y sédentariser 3 nuits. Déjà, "je m'active à déplier" la bâche pour une sieste "bien méritée", à l'ombre des palmes majestueuses. Ce matin, je m'prépare un café pour tenter de m'arracher au sommeil. 2 petites filles viennent m'observer. Curieux à mon tour, je traverse la piste pour rejoindre leur famille qui s'agite depuis hier autour d'un feu. Alors que le plus jeune grimpe au sommet des cocotiers pour en faire tomber les noix, un autre les coupe à coup d'machette. Le reste de la famille s'occupe de la préparation artisanale de l'huile de palme. Elle accompagne généralement les repas, bananes et fruta pão. Ça chauffe, ça piétine en dansant, ça bout... Pendant ce temps, je me régale de l'eau d'une noix de coco verte et fraîche, puis de sa chair. Un des fils m'offre ensuite la suite du "petit déj": un rien de fruta pão, de la noix de coco sèche, un petit poisson frit salé, et l'indispensable vin de palme, tout frais. C'est du non aseptisé, fort en goût. Fruit de la nature, ça pousse partout... Suffit d'se servir... A côté de moi, un gros monsieur se délecte comme moi de noix de coco fraîche et de vin de palme. "Ils ont tout cassé", me dit-il en parlant des plantations de palmiers. "On a détruit la nature, on nous impose un modèle qui ne nous convient pas... Chez vous, c'est travail travail, les gens sont stressés. Ce n'est pas adapté à notre culture. Ils sont en train de casser la vie ici... On a tout. Pas besoin de grosses voitures, de grosses maisons. La nature nous donne tout..." Paroles d'économiste. Face aux vagues, un rapace modifie son vol pour m'observer de près. Assis tranquille sur mon tronc de cocotier, j'admire le soleil s'éteindre peu à peu. J'écris par intermittence, allumant et éteignant ma frontale rompue. Avec ma boule de vêtements pour simple oreiller, j'écoute la nuit, l'apprivoise, vibre du fracas des vagues. Et pense, parfois...