Phil, l'escapade africaine

Vers Khorixas - old Nigel et cie

06/10/2015

Il est déjà tard quand, les yeux mi-clos, je déguste ce bout d'gâteau au chocolat dans la pâtisserie trop calme d'Outjo. Face à mon café, je me rendors presque quand soudain, 3 cyclistes rutilants à l'accent indéfinissable débarquent et foutent un vrai souk à chaque mot qu'ils prononcent. J'comprends à peine le quart de leur charabia. Old Nigel, 59 berges, australien pure souche, voyage depuis 5 ans à vélo autour du monde, tandis que Callum et Ben, ses 2 fils, sont venus le rejoindre au Kenya pour un bout de route ensemble. Une aventure familiale et sauvage de 5 mois... En presque 10 mois de route, ce sont les premiers voyageurs à vélo que je rencontre sur mon chemin. Leur énergie me captive un rien et je décide de changer de direction pour un bout d'route ensemble, abandonnant mes plans vers le nord, vers les villages Himba. Poussés par un vent de dingue, on file à toute allure sur ce goudron qui bientôt, se connecte aux pistes caniculaires et désertiques du Damaraland. Chacun avance à son rythme, décalé par rapport à l'autre, au son de leur blody fuckin' shit country music ou des vieux tubes de Cindy Lauper. Les rayons cassés du vélo de Nigel ponctuent notre avancée, même si les 2 fils n'interrompent guère leurs coups d'pédale pour si peu: "ils n'aiment pas faire demi-tour" me dit Nigel. Ces 3 buveurs de coke tracent sur leur vélo en forme de camping-car, avec même le petit siège pliable pour s'asseoir. Rien ne manque. Face à eux, ma formule semble plus roots: mes petites fesses préfèrent le contact avec le sol, la terre, la poussière, et parfois quelques épines d'acacias... De son grand sourire, Ben me qualifie d'easy-rider, tandis que Nige tente de me motiver à coup de "Christ on a stick, Phil, next village, blowjob for 50 cents..." La bonne humeur est au rendez-vous et les campements sauvages du bord de route se succèdent à un rythme accéléré. Si rapide que je me sens carrément à la ramasse...