Phil, l'escapade africaine

Mara - girafe et rêve de gosse

31/10/2015

Seul au milieu de mon désert, je pousse un hurlement de joie... Laissant derrière moi cette piste trop sableuse où mes pneus s'enlisaient, je retrouve la principale, lisse et facile. Alors que je progresse lentement vers un délicieux canyon la tête dans mes pensées, une girafe galope dans ma direction, gracieuse, élégante, avant de me faire volte face. Je suis littéralement hypnotisé. Rêve de gosse, instant d'émerveillement, j'imaginais cette course animale depuis trop longtemps. Un instant plus loin, une voiture s'arrête à ma hauteur en plein cagnard, me tendant une bouteille d'eau fraîche que je descends d'une seule gorgée. Hier, c'était un vieux bonhomme suisse qui me régalait, ô luxe, d'une eau pétillante glacée. Rendu hilare par ce cadeau sorti du désert que j'avale presque de travers, il repartira avec en guise de réponses à ses questions, quelques onomatopées noyées dans la flotte de ma part. Le pauvre, il a dû me prendre pour un barjo. Le vent finit par se lever, me poussant allègrement en pleines heures chaudes. Je profite de l'aubaine et m'arrête à peine pour manger. Seul cette "pass" trop abrupte m'oblige à poser pied au sol, me contraignant à pousser ma cargaison vers le sommet. La descente sur le plateau qui suit me paraît infiniment belle et rapide, grands développements, propulsé par le vent qui force encore en puissance. Coincé entre ces 2 éternelles clôtures qui bordent toutes les routes namibiennes, un springbok apeuré détalle à toute allure, précédant mes 2 roues lancées à plus de 30. Je finis par rattraper la carriole tirée par les 2 chevaux de ce vieux papa black à lunettes doubles-foyers. Il me conduit au bout d'un chemin, à la ferme de Moses, sèche et poussiéreuse, bâtiments délabrés, vitres brisées, quelques lapins dépecés pendus aux arbres et une tête de chèvre gisant au sol en guise d'accueil. J'y pose la toile à l'abri du vent, non loin de ce palmier jauni par le climat brûlant impitoyable. J'éclate un rayon juste à mon arrivée ce qui, demain, m'obligera à un détour de 29 kilomètres vers la bourgade de Maltahöhe où je m'éternise finalement quelques jours.