Phil, l'escapade africaine

Vers Aus - par delà les montagnes

07/11/2015

Ce matin au camping, impossible de m'défaire de ce springbok apprivoisé qui a veillé toute la nuit devant ma toile. La sale bestiole en rut fonce tête baissée sur ma tente, mes sacoches, puis finalement sur moi, se dressant comme un bouquetin sur les pattes arrières. Je finis par l'empoigner par les cornes pour calmer ses ardeurs mais bon... l'animal est vraiment incontrôlable. Les montagnes tabulaires d'hier laissent place à ces amas d'rochers "globi-boulga" qui me rappellent la région de Tafraout, au Maroc. Lumière chaude matinale, éventail de couleurs exacerbées. Le paille des touffes d'herbes contraste violemment avec l'orange vif de la terre, le vert tendre des acacias, le bleu éclatant du ciel, et les tons bruns ou mauves des montagnes qui me plongent en pleine vallée du Draa. Plus loin, les mottes d'herbes gris-bleu poussiéreuses se détachent du décor, vestiges d'une période sans doute plus généreuse en pluie. Sur cette piste chaotique, ce p'tit courant océanique me rafraîchit. C'est juste parfait. J'économise ainsi mon eau que je garde au frais à l'aide d'un coussin en mousse humidifié. Je quitte la montagne pour un plateau désertique venteux à l'horizon trop lointain. La vue porte à 50 kilomètres. Une ferme tout au début, puis plus rien à part cette clôture qui trace à l'infini. Il est encore tôt quand je m'y arrête pour la nuit, malgré le cadenas fixé à la barrière au pied d'laquelle je pique ma toile en piteux état. Mais en quelques coups d'marteau barbares sur le chariot, je répare cette fichue tirette qui m'a lâché la nuit dernière. Ce soir, j'apprécie la simplicité: quelques nouilles chinoises pour me remplir le ventre, avec en dessert un délicieux coucher d'soleil qui enflamme toute la roche alentour.