Phil, l'escapade africaine

Ai-Ais - la folie du désert

20/11/2015

C'est toujours comme ça avec les touristes, ils vous communiquent leurs stress... sans raison aucune. On m'décrit cette longue piste comme un décor austère, lunaire, sombre, noir... J'imagine le vent, le sable, le manque d'ombre, l'truc vraiment trop hostile. Le temps de saluer Dagmar et Mete qui m'ont rejoint au camping pendant quelques jours, faire quelques achats au supermarché, il est passé midi quand mes roues se mettent enfin à tourner. Si je veux arriver à Ai-Ais et sa source naturelle d'eau chaude apaisante avant l'coucher du soleil, ce parcours de 80 kilomètres va vite ressembler à une course folle à laquelle je n'ai guère envie d'participer. Mais pourquoi c'désert fait-il donc si peur? Pourquoi tous ces gens s'imaginent-ils toujours le pire? Ridicule. La lenteur m'aide souvent à apprivoiser l'décor, à l'apprécier à sa juste valeur. Le ciel ponctué de nuages, les montagnes alentours se parent d'ombres et de lumières. Poussé par quelques bonnes rafales, mon regard porte tout au loin, au travers de cette étendue flanquée de buissons tout chétifs, de dunes et roches magnifiques. Clarté à tous les étages. Juste quelques twisters qui batifolent en plein sable, traversant parfois la piste dans laquelle mes pneus s'enfoncent par intermittence. Je trace. Quasi sans m'arrêter. Après 45 bornes, j'estime que mes efforts méritent récompense. Je freine net avant que la fringale ne me guette. Au lance-pierre, j'avale juste une patte de poulet et 2 petites barres de nougat que Niel m'avait glissé dans les sacoches avant d'partir. Dépassé par un vieux VW baba cool orange, j'atteins la bifurcation qui mène aux 11 derniers kilomètres en chute libre vers la Fish river à sec, tout au fond de la gorge. Rafales dantesques de face, poussière plein les yeux, la tôle ondulée me fait perdre les pédales... et tout mon chargement d'bouteilles d'eau. Dans cette ultime descente, cerné par d'impressionnants rochers, c'est euphorique que je sifflote pourtant cet air triste de 37,2 le matin. Tel un vieux fou les tifs en pagaille qui a "tué" ses amours pour mordre à pleines dents sa liberté, c'est galvanisé par la pente raide que je hurle "liberté" à la face de ce vent qui l'emporte vers le lointain...