Phil, l'escapade africaine

Vers Kuke - propulsé par la tempête

06/02/2016

Oulala... Le parfum de ces minuscules fleurs blanches du bord de route me transporte littéralement. Tout comme ces 3 cavaliers, totalement exaltés, lancés en plein galop, avec leurs bouilles euphoriques qui me font penser à Miguel, dans Goldorak. Que d'énergie... 14h, l'horizon est toujours aussi dégagé, mais derrière moi, ce mur de nuages et d'éclairs me remet en mémoire quelques antiques tempêtes du côté du Mali. Réveillés en pleine nuit, je nous revois agripper ce toit de tôle de la maison d'un paysan, histoire qu'il ne s'envole vers le lointain. La saison des pluies du Botswana m'a jusqu'ici épargné. Juste un chouya d'averse depuis mon départ de Windhoek, alors que Roman et les suisses, juste devant moi, ont été rossé copieusement. Parti de mon bled, flemmard, à 11 heures du mat, le vent d'face des derniers jours s'inverse soudain et me fait switcher de mes 12km/h habituels à un 25-30 inespéré et quasi surréaliste. Propulsé au devant de la tempête, je me prends pour Thor, le char tiré par ses 2 boucs, éloignant la foudre de son passage, sans doute aidé en pensée par une déesse de la forêt du côté de la Belgique. Pendant que les arbres et buissons s'animent de violents spasmes, les chiffres de mon compteur défilent à la vitesse de la lumière. Puis, un type m'indique le prochain village, Kuke: "25 kilomètres..." m'affirme-t-il d'une attitude franche qui ne laisse aucun doute planer. 70 kilomètres plus loin, le soleil se couche sans toujours aucune trace du patelin. Juste une piste sauvage sur le côté, où je m'aventure incognito, posant déjà la toile sous le feuillage d'un arbre généreux, en toute symbiose avec les éléments. Après 106 kilomètres, la tête submergée de moustiques hurleurs, je me "fast food" une soupe chinoise basique avant de me cloîtrer dans ma petite maison, le cri des hyènes au loin... Le lendemain, les rayons du soleil fusent un à un sur ma toile, doucement. Un matin calme savoureux, juste moi, un café, un reste de gâteau aux raisins, une nature apaisée... et Kuke, juste 5 kilomètres devant.