Phil, l'escapade africaine

Gwama - recherche chef de village désespérément

30/03/2016

Parfois, poser la tente au village relève du parcours de combattant. Ces 10 kilomètres de montée en fin de journée ont tôt fait de m'achever. J'aborde un type à la mine sympa pour lui demander de placer ma toile près de chez lui. L'homme indécis, les ados du coin créent vite la confusion, suivi d'un rasta édenté qui, 10 minutes plus tard, me tanne pour lui rincer l'gosier. Après une demi-heure, alors que je désigne un endroit là, n'importe où, vers une place toute pourrie, la troupe me renvoie avec obligation chez le chef de village. "Il habite à 200 mètres", me dit-on... Puis, non, ils se ravisent: "1 kilomètre et demi..." Mais par expérience, je n'ai aucun doute: ce sera encore bien plus loin. Épuisé par cette discussion sans fin, j'empoigne mon guidon, et sous les rires moqueurs des acteurs de cette pièce de théâtre, me casse sans demander mon reste. Au village suivant, je repère une parcelle tranquille où 3 dames m'écoutent attentivement. Elles me conduisent chez le "chief", dans la parcelle juste à côté. Après d'interminables explications, le vieil homme tout voûté emboîte le pas vers un autre voisin: un sculpteur de percussions tout musclé chez qui je me serais bien incrusté. Le rasta semble le seul à posséder un portable pour appeler... le vrai chef de village, bien plus loin dans les campagnes, me montre-t-on d'un geste approximatif. Pas vraiment l'choix... Alors que le soleil se couche, accompagné d'une ribambelle de gosses, le vieux bonhomme file vers le goudron. Fatigué d'pousser, je grimpe sur les pédales, plantant là le vieillard, les enfants hilares courant à mes côtés pour me guider. Ils scandent des "Fire to the bicycle!" pour m'exciter de plus belle. Dévalant une longue piste, me voici enfin chez ce fameux chef de village qui, trop occupé à réparer sa clôture, ne s'intéresse même pas à ma présence. Une seconde plus tard, le vieil homme voûté réapparaît, comme téléporté, ayant sans doute coupé à travers brousse juste pour me présenter. La tente clouée au sol, tout finit autour d'une assiette de sadza, plongé dans une conversation des plus laconique, presque d'une autre dimension. Moi: "Is it climbing a lot to go to Chipinge?" Le fils, après un long moment d'hésitation: "Hummm... You will climb..." Le chef: "Hummm... Chipinge... They are called people of Chipinge..." Voici le final de 2 heures de tribulations.