Phil, l'escapade africaine

Vers Cashel - les 2 flèches d'Afrique

17/04/2016

"Quand les 2 flèches d'Afrique se retrouvent, comme dirait Roman, ça fait des étincelles..." Il ne croyait pas si bien dire, le cycliste au vélo tout pourri. Quasi 5 mois après notre première rencontre du côté d'un Fish river canyon namibien, on s'engage enfin pour quelques jours de vadrouille ensemble, les roues dans les roues. Avec ses pneus trop fins de route, tête brûlée, Roman file déjà comme une balle dans la première descente de 9 kilomètres qui inaugure cette "scenic road". Putain, la piste de montagne d'enfer... 65 bornes environ! Clair, on a bien choisi... Crac! La soudure de réparation de mon porte-paquet avant me lâche d'entrée d'jeu. J'improvise à coup de colliers-colson. Arrivés tout au fond, bin ouais... la remontée nous attend de pied ferme, trop jolie. Surtout ne pas poser pied... Mais là, même au minimum du côté plateaux et pignons, on doit souvent s'résoudre à pousser nos vieilles charrettes, rançon d'une piste trop raide et toute merdique. Dans l'aventure, affublé de son montage cyclo sud-af pas adapté au terrain VTT, Roman paraît moins chanceux que moi. Condamné à des pauses plus fréquentes pour que ses muscles ne virent pas à l'asphyxie totale, il bute sur chaque passage excessif, contraint de m'attendre, planté au beau milieu de toute cette rocaille que l'on tente parfois de franchir en force. Ludique, le chemin nous fait finalement marrer... Puis, on arrive à cette fameuse bifurcation sans indication où Roman me lance un sourire, accompagné d'un "Bienvenu en Afrique!..." Il revient déjà de la petite piste les yeux écarquillés, ajoutant: "J'espère que c'est pas par là!? C'est un véritable pierrier..." A ce moment, un paysan surgit des fourrés et finit par pointer du doigt... le chemin catastrophe. Bon, faut bien s'y résoudre, on fonce vers le chaos, intrépides. Après 7 kilomètres de montée rock'n roll la langue déroulée vers le sol, le soleil décide de se coucher... et le sommet du col de s'éloigner encore un peu plus. Peut-être poser le campement, avant l'obscurité... Juste en bord de route, pas loin d'un champs d'maïs, profitant d'une bifurcation plate un rien herbeuse, cela me paraît le dernier endroit potable de la journée. "On est vraiment au milieu d'nulle part là... No soucis, les gens se foutent de notre présence de toute façon..." Nichés à environ 2000 mètres d'altitude, c'est un peu la fête de la bouffe au pied du mont Musape. A la lune presque pleine, Roman nous mijote notre premier repas de route entre potes: un riz aux légumes curry bien consistant, délicieux. Allongés sur le sol, il ne nous reste plus qu'à prendre les paris sur ce qui va nous réveiller, demain matin, sans doutes aux aurores.