Phil, l'escapade africaine

Chipene - les pistes de brousse

26/06/2016

Je raffole de ces ambiances de pistes où quand tu t'arrêtes dans le village, soudain, c'est l'attroupement, quasi l'émeute. Tout le village arrive en courant pour voir le blanc qui achète une main de bananes, 3 miches de pain, ou recharge ses bouteilles d'eau à la pompe. Parfois, les enfants s'agglutinent à mon guidon pour jouer avec mon klaxon-girafe. Les rires explosent et tout vire à l'hilarité totale... Dans ce paysage de collines qui m'éloigne un peu vers l'intérieur des terres, le sable disparaît un temps, laissant place à des montées abruptes qui m'anéantissent souffle et jambes. Après cette rivière, en voici une qui, de par son inclinaison progressive, me laissera sans doute un souvenir impérissable. Spectacle. Ici, toutes les motos coupent le moteur pour regarder passer le cycliste "caregar" qui pousse sur les pédales comme un taureau. Le buste projeté vers l'avant, j'ai beau appuyer sur la manette de changement d'vitesse, j'suis déjà à stock. Dans un silence cérémonial, je leurs crie des "ajudar! ajudar!" pour la poussette dans le dos, mais personne ne semble bouger. En se marrant, ils ne font que répéter ma sentence sur le même ton que moi, sans rien comprendre, en guise d'encouragements. Dans ces zones un peu reculées, les villageois me regardent passer le regard médusé, sans répliquer à mes bonjours. Souvent, les femmes et les enfants pressent le pas quand ils m'aperçoivent. Certains s'enfuient carrément, comme cette petite fille qui se jette dans le fossé du bas-côté, l'oeil stressé émergeant des hautes herbes, tremblant comme un animal traqué et acculé. Mon arrivée à Chipene est tout autre. Quand je demande la direction de la mission, une équipe de petits cyclistes se forme autour de moi, et dans l'euphorie générale, d'autres gamins suivent en courant sur quelques kilomètres sans vraiment s'essouffler. La course ! Le vélo, un véritable jeu d'enfants...