Alors que je pensais prolonger mon visa touristique camerounais facilement, que je pensais obtenir un visa gabonnais les doigts dans le pif, alors que je pensais laisser mon vélo à Melong pour le retrouver pour le reste du périple dans ce pays... le continent me réserve une surprise de taille...
De l'autre côté de la rue, toutes les mobylettes sont alignées comme si le départ allait retentir. Dans cette atmosphère enfumée de barbecue, j'observe le défilé des africaines, toutes plus fardées les unes que les autres...
Quand je vois les fagots de bois que les villageois transportent sur la tête dans c'coin, je me consolle vraiment de pousser mon vélo. Souvent, ils m'interrogent du regard: ils se demandent ce que je fous au milieu du paysage à pousser ce 2 roues trop lourd, inadapté au terrain...
Je me souviendrai longtemps de cette nuit un peu inattendue, passée en compagnie de Flaubert. On avait d'abord causer toute la soirée de ce fameux paradoxe: la poussée du Sud vers le Nord, et moi qui trace dans le sens inverse...
Après ces 25km de montée goudronnée vers Buea qui m'ont littéralement fait cracher un poumon, je m'aventure sur la piste rouge vers Bangem. Préparation physique et mentale, elle m'égare dans un paysage de plus en plus pentu, végétal, traçant mon chemin dans des bourbiers asséchés, et des "murs" de cailloux qui me font pousser mon arnachement, même dans les descentes. Impédalable!...
Après les 75 km d'hier, je pensais me balader sur 10 km max, le vélo délesté, et profiter relax toute la journée. Mais vu les indications assez vagues des gens du coin, mon compteur accumule les kilomètres pour grimper à 50 bornes...
Alors que, devant l'hôtel, JP le conquistador réceptionne sa grosse tigresse fagotée en panthère - un vrai colis cadeaux -, je propulse ma bête à 2 roues dans la circulation trépidante de Douala la bleue. Uhu! Uhu! Terminé la jungle de béton, place à la jungle... des véhicules turbulents.
J'y crois pas! Il y a un type qui dort sur le tapis déroulant... La salle des bagages de l'aéroport est un cataclysme de colis en tous sens, tous enturbannés dans du cello. Après 20 minutes, le tapis s'arrête brusquement et, dans le brouhaha, tout l'avion se dirige vers la cabane en carton juste à côté où 2 uniformes prennent note, tout cool, des bagages égarés...