Après 2 jours de nuages au pédalage reposant, je retrouve mon soleil puissant, parfois pénible, auquel ma peau a finalement pris goût. Alors qu'hier mon imagination transformait le moindre bout de bois dépassant des hautes herbes en lion, aujourd'hui je ne crains plus rien...
Happé par mes écrits de "lonely cyclist", posé sur un canapé du Old Bridge, il était une fois un soir de Saint Valentin... Mariam, une petite jolie au charmant sourire s'installe par surprise à mes côtés, juste pour faire connaissance...
Maun, petite bourgade étendue au pied du Delta d'Okavango, mythique. J'y pose la tente à 10 kilomètres du centre, au Old bridge backpackers, au bord d'une petite rivière où gravitent les canapés-matelas du bar, invitation à la nonchalance perpétuelle...
Cette route aux délicieux couchers de soleil, avec ses cieux de saison des pluies, me réserve quelques surprises bourrées d'énergie... Plus d'une semaine à l'avant de ma trajectoire, à la façon "peace and love", mon pote cycliste français Roman a pris soin de taguer chaque panneau de la route pour m'encourager de p'tits messages perso. Sourires...
Oulala... Le parfum de ces minuscules fleurs blanches du bord de route me transporte littéralement. Tout comme ces 3 cavaliers, totalement exaltés, lancés en plein galop, avec leurs bouilles euphoriques qui me font penser à Miguel, dans Goldorak. Que d'énergie...
Le goudron du Central Kalahari, droit et bien monotone. Quelques mois plus tôt, je me souviens des paroles de Nigel, mon cycliste australo-namibien préféré: "The same shity trees since Kenya" me disait-il, désespéré...
A l'ombre d'un bel arbre, le vent doux dans l'ouverture de la tente, le torse nu rafraîchi par cette douce brise, des éclats de lumière scintillants sur la toile, un air de "Purple Rain" lointain du côté de la ferme, quelques cris aigus d'enfants encore plus loin vers l'école...
Après 4 mois dans ce pays aux tristes relans de rigueur germanique, sorte de faux désert aux sourires non-spontanés, je quitte enfin la Namibie et son tourisme quadrillé, pays du "hawaïou" à l'énergie zéro...
Encore 111 kilomètres avant la frontière du Botswana. Chaleur, vent d'face... Même pas la peine, ce sera pour demain. Doucement, je pose le pied au sol pour une gorgée d'eau encore fraîche, délicieuse...
Trans Kalahari Highway. Et si c'était ça la solitude, le véritable désert... Pas d'pitié. Droite comme un i, ce tapis d'goudron puant importé de nos horizons individualistes tranche le bush d'épineux en 2, sans fioritures...