Phil, l'escapade africaine

Melong - gare routière, vacarme et panthère

27/12/2014

De l'autre côté de la rue, toutes les mobylettes sont alignées comme si le départ allait retentir. Dans cette atmosphère enfumée de barbecue, j'observe le défilé des africaines, toutes plus fardées les unes que les autres. Bordel ambiant: la télé hurle ses commentaires, cette sono éructe un son pourrave, tentant de couvrir tout le reste. Mais les voix africaines montent, fortes, se chamaillent pour le fun. "C'est comme ça que l'on s'amuse", me dit-on souvent. Les coiffures se distinguent: cheveux lisses courts, ondulés longs, colorés en rouge, pourpre ou bleu, multicolores, enturbannés, enveloppés dans des filets de perles brillantes... Et puis, il y a cette "bombe" au mascara épais, grosses lèvres mauvasses, gros cul rebondi, accentué par cette taille de guêpe, cambrure excessive, imposant sa tenue léopard moulante au possible, le geste élégant et économisé, lent, lymphatique même, criard pourtant. Alors que la serveuse plonge et replonge sa louche dans les casseroles de riz, haricots, cocoyam, ignames, makabo, et autres sauces arachide pimentées, elle finit par m'aveugler. Le bus bondé apparaît et tous se précipitent pour harponner le passager. Vendre brochettes, plantains et arachides grillées, ananas juteux, papayes colorées, friandises en tous genres, dans le vacarme le plus total, nonchalance et top chrono, 2 ou 3 piécettes. Bruits de moteurs assourdissants, mobylettes pétaradantes, un coup de klaxon... le transport "quitte là". Je rentre à l'hôtel juste en face, traversant ce qu'il reste de pelouse, jonchée de vieux sacs plastiques en décomposition, jetant dernier coup d'oeil à cette statue cassée d'un autre temps, décrépie et sale...