Phil, l'escapade africaine

Enioli - la lueur de la lampe à pétrole

11/02/2015

Enfin un village! Attaqué de toutes parts par les moucherons et les abeilles qui se délectent de la sueur qui perle sur mon crâne, Philippe, le chef du village, m'indique le prochain village à 20km. Trop pour moi ce soir. Je préfère me plonger nu dans la rivière juste en bas, histoire d'enfin échapper à toute cette faune harcelante. "Plonge la tête!" me lance Philippe. De retour à Enioli, le beau-fils Rodrigue m'offre une marmitte de poisson frais de la rivière. Je l'accompagne d'un reste de manioc. Pendant que 2 hommes pilent les feuilles de manioc pour le saka-saka, Philippe découpe un gros morceau de porc fumé à la machette. A la lueur de la lampe à pétrole, tout le village se relaye à la petite boutique extérieure du chef. Cigarettes à la pièce, farine de manioc, quelques piles ou un sachet de poudre à lessiver... Tard le soir, de retour chez elles, les femmes descendent d'un grumier. Tout s'agite d'un seul coup: on allume la radio, ça commence à chanter, à tortiller du derrière... comme si le village retrouvait son âme. Seul dans la tente placée au beau milieu du village, j'écoute les chaussures qui raclent le sol, entouré par le chant mélodieux des insectes de la forêt. Les torches virevoltent autour de ma toile. Les voix féminines résonnent, parfois rigolardes. La radio diffuse une musique ancienne façon: percu, guitare rythmique, saxo sautillant et voix haut-perchées... Un petit air de rumba plâne, toujours le même, que l'on passe une bonne dizaine de fois. Alors qu'un camion passe à toute allure, seul le goudron impose au paysage sa touche de modernité, de vitesse irréversible.