Phil, l'escapade africaine

Libreville - du vélo pour les nantis

17/05/2015

Arrivé hier à minuit après une journée de retard, je bouge immédiatement de cette auberge miteuse où "les 2 sbires" m'ont largué à la hâte. Je me dirige vers la cathédrale où je pense trouver un bon plan pour me poser un temps. Éternellement en décalage, j'arrive en pleine messe du dimanche. Me voyant tout boiteux, un jeune séminariste m'interpelle, tout surpris de mon aventure. "Mais pourquoi s'imposer tant de souffrances?" me dit-il. "Il est vrai que nous, les africains, nous n'avons pas les mêmes préoccupations que les européens. Nous sommes dans l'incertitude du lendemain. On s'occupe d'abord de notre assiette. Vous avez passé ce stade depuis longtemps et vu que vous êtes nés dans l'aisance, vous vous imposez des souffrances. C'est même déplacé d'expliquer les raisons du voyage..." Son ton devient un peu sec. De mon côté, je cherche à comprendre ses motivations à devenir prêtre. "Je trouve que les gens sont mauvais par nature. Je veux changer les choses en les dirigeant vers le bon chemin." Et moi j'espère pour eux qu'il n'est pas en montée... Jean-Charles arrive enfin. A ma grande surprise, il est blanc, français, et ressemble plus à un éduc pour jeunes qu'à un curé. "Tu as faim?" me demande-t-il. Quelques instants plus tard, il revient de la cuisine les mains chargées d'une assiette de riz, surplombée de 3 côtelettes, de saka-saka et de plantains. Le truc énorme, généreux, juste pour me faire plaisir. Du genre jovial, Jean-Charles ne sait que faire pour me contenter...