Phil, l'escapade africaine

Vers Buitepos - des animaux partout

29/01/2016

Encore 111 kilomètres avant la frontière du Botswana. Chaleur, vent d'face... Même pas la peine, ce sera pour demain. Doucement, je pose le pied au sol pour une gorgée d'eau encore fraîche, délicieuse... Cette petite pause me fait du bien, comme si subitement, j'appréciais mon bonheur dans toute son intensité. Parcourir l'Afrique, en toute liberté, sans timing, sans aucunes obligations. Juste pédaler et apprécier les atmosphères, le moment présent. Voyager comme je l'apprécie le plus, à ma façon. Natural... Je redémarre serein, affichant un sourire béat, quand un bahut me double soudain, tout klaxon dehors à ma hauteur, conduite volontairement guerrière. Je lui hurle dessus... comme si cet imbécile pouvait m'entendre, le visage transformé, révolté, une ride verticale gravée au milieu des sourcils en pagaille. Puis le ciel bourgeonne et le vent s'emballe pour de bon. Sur une aire aménagée toute foutue, je freine pour reprendre quelques forces, déballant soigneusement un délicieux gâteau à la banane qu'il me reste de Windhoek. Mais déjà les éclairs se rapprochent, et les gouttes épaisses percent les branchages noueux de mon épineux trop frêle. Je décolle, surpris par la pluie battante, espérant distancer le déluge annoncé. Mais tout se calme déjà, et la vie surgit à nouveau, comme par enchantement. Un joli papillon se pose sur ma sandale à scratch, une maman phacochère détalle fièrement dans les buissons, suivie par ses 3 petits. Une fois de plus, je savoure le détail, fasciné. Puis il y a ce camionneur qui me ravitaille en eau, paniqué à l'idée de me voir traverser le Botswana avec mon bike. "Plus loin, il y a des lions sur la route et... et... et des tigres aussi." me dit-il les yeux exorbités. Et pourquoi pas des ours polaires?... J'éclate de rire face à sa vision du tigre qu'il a téléporté sur le mauvais continent, puis tente de le rassurer. Après 87 kilomètres d'épuisement, j'arrive par surprise à un camping, où seul face aux derniers rayons du soleil, je me mijote quelques nouilles chinoises améliorées de gingembre frais, d'oignon et d'ail. Et là, je les vois apparaître au galop, se précipitant vers un point d'eau situé à seulement 100 mètres de mon campement. Un point d'eau que je n'avais même pas été foutu de repérer, moi et mon sens inné de l'observation... Je me retrouve face à un troupeau d'une vingtaine de buffles cabriolant autour de la mare, sous le regard de leur chef massif qui me fixe en soufflant, sans doute tout surpris de me voir peler un oignon devant lui. Autant dire que cette fois-ci, je ne fronce pas d'un sourcil, me remémorant nos épisodes gabonais de 15 ans d'âge, seuls face aux bêtes dans la réserve de Petit Loango. Tiens, un autre phacochère près d'ma tente! Bref, ce soir, c'est Mowgli dans la jungle... et des grognements de toutes sortes autour de la toile en pleine nuit. Natural...