Phil, l'escapade africaine

Koumana - chez l'ancien chef du village

08/02/2016

Cette route aux délicieux couchers de soleil, avec ses cieux de saison des pluies, me réserve quelques surprises bourrées d'énergie... Plus d'une semaine à l'avant de ma trajectoire, à la façon "peace and love", mon pote cycliste français Roman a pris soin de taguer chaque panneau de la route pour m'encourager de p'tits messages perso. Sourires... Sous la chaleur du jour, je me la coule douce aujourd'hui. Je m'arrête après 35 kilomètres dans un petit resto local où, mis en appétit par la cambrure interpellante de la serveuse, je déguste une chèvre mijotée bien épicée. Délicieuse. Plus loin, en pleine nature, un banc de pierre et l'ombre d'un arbre, généreuse, m'invitent à une sieste de carrément une heure. Moi qui projette déjà de passer la nuit au prochain village, c'est parfait pour mon "timing". A la recherche d'un bar pour étancher ma soif d'européen cuit par le soleil, je m'y égare sur cette "fausse piste" de sable, déposant finalement mon bahut dans la cour paisible d'une maison. Les filles y tressent leurs cheveux alors qu'un vieux papa dort profondément sur un matelas. Je continue mon chemin à pieds puis reviens tout désaltéré quelques instants plus tard pour y poser la toile, avec le consentement du papa à peine sorti de son sommeil. C'est l'ancien chef de village, haut de ses 91 ans, père de 3 garçons et 7 filles. Celles-ci me préparent déjà quelques oeufs brouillés accompagnés de saucisson genre Zwann, que je complète de 2 tranches de pain. Les langues se délient, les discussions de la soirée naissent gaiement, légères, tournant autour de la famille, de mon célibat, et de ma liberté organisée qui les intrigue tant... Au moment de me coucher, je constate que la nouvelle tirette de ma tente vient encore de lâcher. Mais alors que j'agite ma frontale en tout sens pour trouver la solution, la petite cadette se penche sur le curseur et, d'un coup sec de canine, ridiculise mon sens pétrifié de la débrouille. Bref, pendant que le blanc observe, l'africain sait déjà que faire... et le soucis semble n'avoir jamais existé...