Phil, l'escapade africaine

Gweta - Sanford

26/02/2016

Au campsite, je rencontre Sanford Kwinter, écrivain philosophique newyorkais et professeur à Harvard, en pleine recherche sur l'origine des formes et de la musique. Il me confie son stress constant face à ses obligations, sa vie trépidante d'homme toujours occupé, et surtout, face à cette tyrannie de la "civilisation électronique" qui l'oppresse et l'empêche de respirer. Posé, reposé, Sanford me parle des bushmen qu'il a rencontré à plusieurs reprises au Botswana. Il m'apprend que, selon une étude récente, leurs gènes seraient identiques à ceux des hommes de l'âge de pierre. Passionné par leurs comportements, intéressé par leurs techniques de chasse, il m'avoue d'un ton résigné: "c'est la fin malheureusement", leur culture est vouée à disparaître... Quelques jours plus tôt, j'ai appris que le gouvernement veut les rassembler en un seul endroit pour les sédentariser, mieux les contrôler, leurs interdire la chasse... ce qui, à court terme, finira par annihiler leur culture authentique, ancestrale, dont nous aurions bien besoin comme source d'inspiration dans notre monde en pleine déroute, en pleine recherche de pistes. Face à mon escapade deux roues en plein Kalahari, Sanford, cycliste urbain, me qualifie d'animal. Il recentre mon périple par rapport aux besoins primaires, cette recherche d'eau, de nourriture, cette économie d'énergie face à la chaleur du désert. Sanford réveille en moi cette réflexion sur la force des éléments qui me sont devenus nécessaires: l'importance du ciel, de la nature à plein pif, la recherche de cet aspect primitif, retour à l'essentiel, que j'admire et auquel j'aspire toujours autant. Puis il y a cet état second, méditatif, toutes ces réflexions qui fusent, qui m'échappent, incontrôlables, quand je braque mon regard vers l'horizon, en plein mouvements, en plein coups d'pédales... Richesse des sensations, des émotions.