Phil, l'escapade africaine

Mont Selinda - Penn et sa forêt

04/04/2016

A Chipinge, je fais un crochet par le cyber. J'y fais la connaissance de Penn, un monsieur blanc grisonnant tout ravi de me rencontrer. Le courant passe immédiatement: en 5 minutes, il m'invite à me rendre chez lui, à quelques encablures du Mozambique, vers sa délicieuse "rain forest" dont il me vante les vertus. Le lendemain, j'empoigne direct le guidon, et ma tente se retrouve déjà à 30 kilomètres de là, sur l'herbe épaisse de son jardin. Il y plane un délicieux parfum de goyaves. Penn vit ici, au beau milieu des grands arbres, calme, en compagnie de sa femme Consilia et de ses 2 enfants métisses attachants. Logés gratuitement par l'hôpital de Mont Selinda, il répare à son rythme les conduites d'eau trop vieilles et toutes foutues de la colline. Installés sur le tapis du salon, il me confie mot après mot, lentement, son histoire d'englishman in Africa. "20 ans auparavant, j'habitais en Afrique du Sud. Curieux du Mozambique voisin, j'ai décidé de m'y rendre à vélo..." Je comprends vite que son regard admiratif vis à vis de mon périple nait de nos trajectoires parallèles, toujours à fouiner dans les recoins d'un paysage africain trop varié. Alors qu'il me raconte sa lente aventure de 6 mois "à l'ancienne" à travers les pistes de quelques pays choisis, je suis conquis par sa simplicité, si peu commune aux blancs qui s'établissent en Afrique... "On avait 2 télévisions, me dit-il, mais j'ai décidé de les supprimer car il n'y avait plus de dialogue entre nous. Tous les soirs, c'était la même chose: on se retrouvait hypnotisés par l'écran. Je n'aime pas ce genre d'habitudes ennuyeuses..." Voilà, nous sommes vraiment du même moule, c'est clair. A quelques pas de sa maison, il me fait visiter à vélo son jardin secret, sa forêt pluviale peuplée de grands arbres et d'oiseaux rares, son lieu de ressourcement.... "J'ai découvert cet endroit lors de mon voyage à vélo il y a 20 ans me confie-t-il, plein d'émotions. Au Zimbabwe, il ne reste que cette petite partie de forêt de ce type..." Le soir, je m'isole dans la toile. Je tente de trouver le sommeil, émerveillé par cet endroit qui m'égare quelques mois en arrière, dans cet univers touffu du nord Congo. Le vent se propage dans les feuillages. Pendant qu'une grenouille croasse, les arbres grincent tout autour, me faisant penser à des cris de hyènes. Et le moindre remou de l'Océan Indien, tout en bas, au Mozambique, se répercute en échos infinis dans les douces ondulations verdoyantes du Mont Selinda.