Phil, l'escapade africaine

Mutare - la fin du tunnel

09/05/2016

Alors que je me prépare à repartir vers les sommets des montagnes du Zim, une autre mésaventure me tombe sur le caillou. Par un matin calme, mon estomac vide de cycliste marche en direction de la station voisine pour y dévorer son p'tit déj, une chicken-pie fraîchement sortie du four. Une camionnette se gare pour y décharger quelques bûches histoire d'alimenter le feu de l'arrière-cuisine. Moi qui stagne en plein encroûtement, j'en profite pour filer un coup d'main au cuistot déjà fatigué par sa besogne quotidienne. Au bout de 3 trajets, les bras saturés d'énormes rondins, j'arrive au tas final les bras totalement épuisés par la charge et, d'un mouvement ridiculement "catapulte" des biceps, expédie la plus grosse bûche sur l'avant de ma foutue sandale à scratch. 2 heures plus tard, tout va mal. Un des doigts d'pied bien amoché, tel un véritable zombie, je m'traîne péniblement dans les rues agitées de Mutare. Une autre semaine de repos forcé se profile encore dans cette ville-piège de Mutare... Quasi 3 semaines sans douche. Je pue la pisse comme un pauvre clodo irrécupérable, et mes vêtements en loques dégagent une odeur de hyène en état de putréfaction. A mesure que les poils blancs de ma barbe poussent, je tente de m'extirper de cet état dépressif lancinant qui anéantit mes forces et mon moral. Je ne m'explique pas pourquoi, quelque chose m'empêche de m'enfoncer à nouveau vers les montagnes de c'pays, même si, apparemment, tout l'monde m'annonce que Nyanga, c'est le plus beau coin du Zimbabwe. A quelques jours de mon anniversaire, divine surprise, John m'annonce qu'il existe un Consulat du Mozambique à 2 pas du centre. Juste 9 minuscules kilomètres en descente me séparent de la frontière de ce "nouveau" pays, 300 de sa "mar azul" bordée de plages de sable blanc et de cocotiers... Bon, selon certains, le pays serait en pleine guerre civile, mais cela vaut tout d'même la peine de s'informer sur la situation. "Qui vous a dit cela?" me demande-t-on à la réception du Consulat, me riant ouvertement à la face. Au large des côtes mozambicaines, quelques petites îles bercées par l'Océan Indien virevoltent déjà dans un coin d'mon cerveau ramolli, désintégrant instantanément quelques derniers zigzags en pays consommé. Visa réputé difficile à obtenir, je sors léger du Consulat quelques heures plus tard, ébahi par ce superbe "tampon cadeau" de 3 mois à prix réduit. Avec ma face toute grise de cycliste vagabond rabougri franchement à bout d'souffle, le personnel du bureau a tout mis en oeuvre pour me faciliter la tâche, c'est clair... Même pas besoin des papiers de réservation d'hôtel requis et autres certificats de solvabilité, ni même de me rendre à la banque pour le paiement. Rempli d'énergie par cette nouvelle destination improvisée, je suis fin prêt pour un tout nouveau départ "coup de tête"...