Phil, l'escapade africaine

Moçimboa da Praia - ma girl from Brazil

28/07/2016

Les accueils de villages bourrés d'enfants aux comportements non maitrisés du Mozambique m'amusent toujours autant. Impossible de rester de marbre face à cette masse d'énergie et de regards émerveillés... Dans ce village où la foule s'agglutine autour de la réparation de ma tirette de tente définitivement morte, j'entends soudain que l'on parle d'un autre cycliste-voyageur. « Elle vient juste de passer le village », m'annonce-t-on. Le lendemain, alors que je me désaltère de l'eau d'une noix de coco vivifiante, les villageois me racontent : « oui, elle est seule, très jolie, cheveux longs, avec un vélo plein de bagages comme toi... » Eish ! J‘sais pas pourquoi mon cerveau entre en ébullition comme ça... J'atteins vite le camping de Moçimboa da Praia où, posé contre un mur, je trouve un vélo spécial, en bambou, affichant pavillon brésilien. Puis une tente dont s'échappent quelques rires. Après environ 30 minutes, le zip de la tirette me fait tourner la tête vers la toile. Elle s'en extirpe enfin, grand sourire lancé dans ma direction, enthousiaste. Là, ma libido de lonely cyclist prend un sérieux coup dans l'aile et fonce précipitamment en direction du plancher des vaches, se figeant ad vitam aeternam dans une bouse bien flasque... Flortsh ! La jolie cycliste se nomme Ricardo, mollets saillants et poils au torse, depuis 4 mois sur la route pour un tour du monde à vélo improvisé. Avec seulement 2000 dollars en poche, porte ouverte vers l'aventure, le garçon me semble culotté et courageux ! Au fil des discussions, j'avoue que j'ai parfois du mal à le comprendre, tant nous aimons des choses différentes. Ricardo le sociologue est peu sensible à la nature, déteste les pistes et ne pense qu'à tracer sur l'asphalte auquel il a pris goût depuis tout petit « grâce » à son père camionneur. Son voyage ressemble à une véritable fuite vers l'avant. Après le vol de son PC dès le premier jour à Cape Town, il traverse l'Afrique du Sud la peur au ventre, à grands coups d'pédales, par les grands axes et les villes surpeuplées. Sa tenue d'combat m'amuse beaucoup : il pédale en mode surprotection, habillé tout de long, le visage masqué, lunettes solaires vissées sur le pif, les écouteurs dans les oreilles. Pris dans la spirale de nos flots d'histoires d'accros de la pédale, on n'voit pas le temps passer... Déjà 3 jours que nous sommes ensemble à cuisiner crevettes et poulpe frais achetés à la plage. On finit par se quitter la larme à l'œil, après une petite révision de mon porte-paquets dont Ricardo s'empresse de visser plus solidement quelques boulons. A 2 pas de la frontière tanzanienne et ses pistes de sable qui le feront pester, « ma girl » décide de la jouer cavalier seul, savourant son voyage à grandes enjambées. Du côté de Zanzibar, il vient de trouver un travail qui, je l'espère, lui permettra de continuer son périple 2 roues original...