Phil, l'escapade africaine

Ngaga - un coin d'aventure

19/02/2015

Je m'doutais que ce petit coin au nord de l'équateur respirait l'aventure. Eric, le nouveau directeur suédois un peu stoïc du parc d d'Odzala, me donne rendez-vous dans son bureau à 7 heures du mat. Et sous ses bons conseils, me voici parti sur cette piste touffue, naturelle et étroite, vers le Gabon, au beau milieu du territoire des gorilles. Parsemée de flaques vertes fluos immondes et étranges, elle me mène souvent vers d'exotiques déviations végétales. Il ne me manque plus que la machette. Parfois, je me retrouve en équilibre sur le gros orteil, le vélo planté au milieu de la boue, déstabilisé par mes chaussures qui slurpent. Mais quand la piste se met à tracer tout droit, je savoure mon bonheur. Toute cette végétation perlée de rosée me rafraîchit bras et jambes. Soudain, le panneau "gorilles sur 3,5km" signalé par Eric. Je bifurque sur la droite, vers cette autre piste qui s'égare dans la forêt. Je freine d'un coup sec. Mes patins humides et sableux crissent sur la jante dégueulasse, innondant toute la forêt d'un son aigu strident. Et à travers ce mur vert impénétrable, j'entends des animaux qui détallent, effrayés par le vacarme de mon vélo-pédalé. La piste se met à zigzaguer. La terre passe du rouge au noir. Le ciel disparaît au profit de l'épais feuillage des grands arbres. Les fruits en décompositions jonchent le sol, et mon tout-terrain un rien déchargé gère les racines, parfois en escaliers. Tout proche, un coup de machette qui résonne m'annonce présence humaine: j'arrive au camp. En guise de bienvenue, une abeille me pique dar-dar le petit doigt alors que je la libère de la manche de mon t-shirt troué. Tania, Christelle et Réa sont déjà averties de la venue du cycliste belge. Elles m'installent aussitôt dans ma paillote super-luxe, deuxième douche chaude de mon voyage. Au beau milieu du chant des oiseaux, des cris de singes et autres animaux curieux, le doux rêveur se met à songer à une rencontre avec les gorilles. Ce ne sera malheureusement pas possible, malgré la sympathie des 3 chercheurs. En compensation, Tania et Christelle m'emmèneront sur quelques sentiers aménagés pour une balade improvisée bourrée de détails captivants de la forêt qui nous submerge.