Phil, l'escapade africaine

Makoua - bosso, bosso !

23/02/2015

"Trop de sable" me dit-on. La piste de 130 km vers Ewo semble un véritable enfer pour mon vélo de nouveau chargé à stock. Après 4 km, la latérite se dégrade déjà et finit par me décrocher une sacoche. Bref, je n'ai pas encore vu le sable que j'empoigne mon guidon pour faire volte-face vers le goudron. Comme une envie de douceur... A l'image de ces 2 avocats à la chair onctueuse qui pétille sur la langue, me laissant un arrière-goût alcoolisé. A Bokania, j'engloutis un fanta orange, un pilon d'poulet et un bout d'manioc en regardant une petite qui découpe lentement des feuilles de coco, plat national congolais. J'achète aussi un corossol énorme pour la route, histoire de ne manquer de rien. Les dernières côtes en faux-plat me semblent interminables. Dans l'une d'elle, je me surprends à fermer les yeux, à la limite de l'endormissement. Un petit papillon ivre se met à danser autour de mes bras. Il finit par se poser sur mes mains pleines de sueur. Je l'observe quelques minutes se poser, se reposer, m'accompagner un instant dans le voyage. Sur la fin du parcours, j'encourage 3 charmantes cyclistes revenant de la corvée bois, les fagots accrochés au porte-paquet arrière: "Bosso, bosso!!!" (allez, allez!!!) Je jette un dernier coup d'oeil à ce ciel qui jouait les girouettes toute la journée, passant de gros nuages gris, au bleu presque dégagé. Fin d'après-midi, les nuages gris obscurs très bas se détachent du fond blanchâtre, tels quelques traîts d'aquarelle qui étouffent le soleil, relaxant ma peau brûlante. Après 106 km, nouveau record du voyage, je retrouve Makoua, son équateur, la mission reposante de la soeur Esther. Après ce petit sentier sombre qui me conduit en ville pour quelques boissons fraîches, je me mitonne une boîte de cassoulet. Vieille tradition cycliste, je l'avais acheté pour fêter mes 1000 premiers kilomètres que je viens seulement de franchir, doucement, en arrivant à la réserve.