Phil, l'escapade africaine

Owando - cochon sauvage, antilope, amen

27/02/2015

Après toute cette savanne, je me délecte de ce bout d'cochon sauvage-manioc du petit resto local. Au diocèse d'Owando, renseigné par Moïse pour passer une nuit paisible et gratos, personne ne répond. Sur la façade, une plaque étrange indique qu'un cycliste polonais du nom de Nowak, le même nom que ma grand-mère, a effectué un tour d'Afrique à vélo de 1931 à 1936, en passant par ici. Curieux hasard... En attendant que la religion sorte de sa sieste, je me poste au petit bar qui diffuse une émission de Cuisine+ où Jamie Oliver s'active en boucle aux fourneaux. "Ah, vous les blancs, vous êtes forts hein!" s'exclame un client, grand sourire, yeux exhorbités, bière en main, filet d'bave aux commissures des lèvres. Le lendemain, je fais la connaissance de l'abbé Jean qui insiste pour m'emmener à mobylette à l'autre bout de la ville. Au bord du fleuve, il veut me montrer un "lieu touristique", sorte de délire mégalo d'un ancien colonel proche du président. Piscine, salle de concerts, resto luxueux, salles de réceptions... le tout désert, bien évidemment. "En Afrique, me dit Jean, tout le monde veut faire de la politique. C'est l'argent facile. Tu puises dans les caisses de l'état, tu t'enrichis personnellement, et il y a toujours impunité... Ce que tu vois, c'est l'argent de la politique." De retour , il m'invite à manger avec lui mais, retardé par un imprévu, il me fera parvenir 2000 cfa pour que je mange l'antilope au resto d'à côté. Vers 15h, autre son d'cloche: le diacre estime dictatorialement que je dois payer et quitter la chambre que l'on m'accordait gracieusement. Fatigué par cette mauvaise discussion, je m'éclipse pour pédaler juste quelques kilomètres, vers un village où poser la tente, sous les yeux amusés des enfants.