Phil, l'escapade africaine

Mossaka - au pays des curés

08/03/2015

Six jours à attendre ce bateau en provenance de Brazza. Retardé. Encore retardé. Six jours au pays des curés à glander, à peine visiter, entre brochettes de gésiers à l'ombre d'un manguier, bénédictions de repas gargantuesques, et diarrhée du genre qui te colle au matelas. Mossaka, c'est surtout cette bande de curés aux caractères bien trempés. Ici, ça décapsule la bière dès l'matin. Il y a l'abbé Ben, grosses joues et bouche lippue, qui me motive à bombarder le ventre à coup de bidoche, poisson et manioc, alors que j'ouvre à peine les yeux. "Il faut bien damer l'estomac" me répète-t-il chaque matin. Il y a l'abbé Michel, lent et paisible, qui reçoit ses sms sous forme de musique de messe et d'alléluias tonitruants. Il y a aussi l'abbé Carl qui n'en loupe pas une au sujet de l'abbé Josias, surnommé 3 piquants, comme le poisson du fleuve, à prendre avec des pincettes. Josias est du genre la langue bien pendue, expressions camerounaises en prime, capable de virer une petite de sa chorale en lui déclarant: "Toi là, tu es toujours en retard. Tu n'es même pas belle. Tu viens seulement bouger ton derrière ici. Je vais te le botter, et bien même, pour le rendre encore plus dur..." Et puis, il y a Marion et Ariane, les 2 jeunes françaises venues planter leur thèse dans ce bled, exaspérées par le discours antiféministe et homophobe de ces quelques fauves africains. Heureusement, pour décompresser de ces journées surchargées un rien coq en pâte, il y a aussi le VIP local, la discothèque qui transforme le blanc en luciole. On s'y trémousse devant les miroirs en guise de frime en zieutant les déhanchements de quelques congolaises bien gaulées... Je sue de tous les pores de mon corps, mes quelques cheveux collés sur le crane.