Phil, l'escapade africaine

Port-Gentil - embarquement

04/07/2015

Quitter Libreville, ma ville de l'ennui. J'abandonne derrière moi les vieilles galoches trop sableuses de Fred et mon Dove pour la peau, trop lourd, utilisé 2 fois. Empli d'une certaine tristesse, il est un peu plus de 6 heures du mat quand je pousse mon vélo en dehors de l'évêché. Sur le pas de la grille, je rencontre une dernière fois l'homme au bonnet orange, croisé parfois en flash, un peu façon Twin Peaks. De quelques paroles gentilles, il me fait le plus beau des cadeaux de départ: "Tu souris tout l'temps. Tu sèmes la bonne humeur autour de toi. C'était chouette de te rencontrer." Puis il insiste pour que je le prenne en photo. Au port, je zappe la file d'attente, à l'africaine. Je vois le bagagiste s'éloigner au loin sur le quai, grimpant sur la selle, guidonant à fond. Trop tard pour réagir... Et je le retrouve un instant plus tard, en train de ramasser ma fixation-guidon caméra, sans doute perdue dans une chute. "Ça c'est quel genre d'embarquement?..." A bord de cet hydroglisseur, les gens s'installent peu à peu dans les sièges de cet immense salon, face à l'écran plasma. Les hauts parleurs diffusent un fond musical ringard, peuplé de tubes antiques signés Mike Brandt, Joe Dassin, Stone et Charden ou Moustaki. Alors que le moteur donne enfin signe de vie, l'écran s'illumine soudain sur un air de samba tonitruant: Rio, un animé de Dreamworks bourré d'oiseaux exotiques multicolores. Après une demi-heure, le dvd rend l'âme, l'image se fige et, dans l'indifférence générale, la barmaid passe à Home Alone 3. 2 heures plus tard, le navire frôle lentement une plateforme pétrolière. Port en vue... Et mon couple de liégeois tout gentil qui me cherche déjà sans me voir sur le quai de cette ville au coeur pétrolier.