Phil, l'escapade africaine

Dolisie - la poterie ambulante

17/07/2015

De l'autre côté de la frontière, tout commençait pourtant bien avec cette piste étroite, déserte, au beau milieu de la savane. Je laisse "glisser" mon lourd chargement dans d'énormes trous façon BMX, anciens bourbiers asséchés carrément ludiques. Après 18 kilomètres, je croise le bulldozer des chinois, puis ses traces incrustées dans la terre. C'est foutu... L'engin a gaspillé tout le paysage des abords de la piste. Je roule dans un immense chantier, un terrain vague rendu encore plus triste par ce ciel de saison sèche gris foncé, qui me colle depuis Port-Gentil. Pas un rayon d'soleil et toujours cette impression d'avancer vers une averse qui n'arrive jamais. Plus loin, mes roues s'enfoncent dans une épaisse couche de poussière d'argile qui me transforme vite en véritable poterie ambulante. Tiens, voici encore un camion... Quant à mes cheveux, tout agglutinés, ils virent de plus en plus aux dreads de Himba. "Devant c'est bon, la machine n'a pas gratté la route" m'annonce-t-on. Et je me retrouve sur la tôle ondulée, façon Mauritanie, ou parfois en pleine caillasse. Bref, plus j'avance, plus c'est pire. Après 6 jours de c'traitement, la poussière a absorbé toute la graisse de ma mécanique. Je dois maintenant appuyer 3 fois sur la gâchette pour que la chaîne, cette paresseuse africaine, daigne enfin changer de pignon. Tout au bout, j'atteins cette bande grise d'asphalte citadine presque trop lisse qui mène à Dolisie. Et mes pauvres fesses, transformées en cuirasse digne d'une vieille pornostar hyperactive, célèbrent enfin leur délivrance. Fin des secousses...