Phil, l'escapade africaine

Swakopmund - gadots et chaises roulantes

11/10/2015

"Hey man! Are you crazy?" me crie un homme hilare de son pick-up. Vent d'face, faiblard, me vidant les tripes depuis quelques jours, j'embarque dans le véhicule pour 200 bornes de "road to nowhere". Les nuages gris foncés voilent soudain le soleil, le paysage disparaît. En pleine nuit noire, la route défile, irréelle, énigmatique, comme dans Lost Highway... Silencieuse, elle me téléporte dans un autre monde: Swakopmund, ses rues quadrillées glaciales, désertées. Largué dans ce dortoir vide, un sud-af bourré sorti de nulle-part m'offre sa pizza, me broyant la main. Histoire de me r'taper, je m'ancre ici quelques jours, entre brume épaisse, vent transperçant, et soleil radieux. Univers carton-pâte suranné, bâtisses germaniques imposantes, carrées, aux arrêtes tranchantes, couleur marron pastel dépressive... Je ne reconnais plus l'Afrique. Quelques sud-af baraqués tout cubiques piqués aux hormones arpentent les rues, prêts à débouler sur le terrain pour un match de rugby bien bovin. Je découvre une ville ennuyeuse mais reposante, peuplée de retraités allemands en piteux états. Gadots et chaises roulantes. Tous les matins, du côté du Café Treef, je tombe sous le charme de cette vieille dame à l'uniforme bleu électrique trop ajustée qui me sourie de sa dent en or, coupe afro à l'ancienne. Petit déj' copieux, pâtisseries allemandes et rooibos, avant le "fish and chips"du bord-de-mer de l'après-midi. Kashi la vénale y balance son gros fessard sous mon pif avant de me réclamer son pourboire, agressiva...