Phil, l'escapade africaine

Vila do Ibo - les pieds nus dans la mangrove

07/07/2016

Comme on me l'a conseillé, je me poste à 2 pas de l'église en ruine, à l'entrée de ce sentier invisible qui s'enfonce dans la mangrove un rien innondée. Les îliens ont l'habitude de passer par ici pour se rendre à marée basse vers Quirimbas, l'île voisine, passant à pied, à gué, par ce véritable labyrinthe vert. Impossible de s'y aventurer seul sous peine de s'y perdre. Après une heure d'attente, alors que j'affiche une mine un peu désespérée, se pointe soudain un groupe de touristes italiens, en famille, accompagné de Benjamin, un jeune guide local chez qui j'ai mangé à mon arrivée. Sans soucis, ils m'incorporent dans le groupe, même si je ne possède pas les chaussures adaptées pour marcher dans ce type de... comment dire ? Pieds nus là-d'dans, les sandales à la main, ça va pas être évident. Au début, j'ai la sensation d'avancer sur un doux tapis de sable inondé, entouré de grands murs végétaux. Magique et vert. Sur ce sentier parfois étroit, de passages faciles en passages de racines de palétuviers, je suis finalement loin d'être à la ramasse à l'arrière du groupe. Puis Benjamin empoigne un des enfants par la main... Et là, j'ai bien peur que tout se complique un rien. Dans les canaux larges inondés où nous nous engageons, j'avance maintenant pas à pas, de pierres parfois glissantes en trous imprévisibles. Bon, c'est un rien galère... Satanas, Diabolo et Pénélope Joli-Coeur prennent la tête de la course. Plus loin, changement de décor. Benjamin annonce le passage difficile: un marécage infesté de moustiques assoiffés où nos pieds s'enfoncent dans la gadoue grise et glissante jusqu'au dessus des mollets. Bizarrement, je prends un peu d'avance sur le groupe qui s'englue lamentablement en criant. Je les attends un peu plus loin, à la sortie du dédale, les pieds enfin posés en zone sèche. "Tu as toujours tes sandales ?" me demande un des touristes. "J'ai cru les voir dans les racines plus loin." Imbécile... Je les ai oublié au moment de prendre une photo... Demi-tour. Plus loin, le sable s'étend à perte de vue, jusqu’à l'île de Quirimbas, tout au bout. Quelques bras de mer plus ou moins profonds nous séparent encore du village. Arrivés à destination, je me jette dans les eaux turquoises chaudes, le short en jeans collé à la peau salée. La vie semble tranquille et douce. Sur la plage, pendant qu'un jeune bat le poulpe à coup d'bâton pour le rendre tendre à la cuisson, les pêcheurs reviennent de leur routine, étalant leurs belles prises sur le rivage. La grande étendue de sable a laissé place aux vagues, séparant à nouveau les 2 îles. Il est temps de rentrer. Un voilier traditionnel, un dhow, arrive à notre hauteur et nous embarque pour un retour paisible, mi-mer, mi-mangrove, baignés par la lumière paisible d'un coucher de soleil caressant