Arrivé hier à minuit après une journée de retard, je bouge immédiatement de cette auberge miteuse où "les 2 sbires" m'ont largué à la hâte. Je me dirige vers la cathédrale où je pense trouver un bon plan pour me poser un temps...
Vu l'état de mon pied, impossible de pédaler jusque Libreville comme prévu. Ce sera donc le remorquage vers la capitale, mon vélo à l'arrière du pick-up, avec les bacs à poissons, et moi, la jambe à l'horizontale, histoire que le sang ne fasse pas éclater mon gros orteil...
Le pied tout gonflé, tout rouge, je me retrouve dans une pièce décrépie de l'hôpital de Mayumba, tout en haut de la colline. "Je peux entailler?" me demande le doc de garde. Vite, il réapparaît, lame de bistouri en main...
Chargé de sa quinzaine de passagers et de toute sa cargaison, le hors-bord file à toute vitesse sur la lagune de la réserve de Mayumba. Alors que j'admire l'horizon noir et blanc teinté de brume, ce gilet de sauvetage rouge qui se retrouve à mon cou me rappelle une ancienne photo qui respirait la joie...
Vu mon aventure rocambolesque d'hier, les ravins, l'arbre tombé qui entrave le chemin, ma démarche de boiteux, Chang et son fils estropié du pied accompagnent ma progression de ce matin. Mais au beau milieu de la forêt, tout à coup, le type décide de la jouer volte face...
Après une journée d'attente, le policier roublard m'accorde enfin mon tampon de sortie du Congo... Je peux m'élancer vers la frontière gabonaise. Seul hic: la piste. Evaporée, désintégrée, vague souvenir sur une carte...
Une piste de sable, pure sable, flanquée entre 2 rivières. Mais pourquoi personne ne m'a prévenu...
Alors qu'hier, le goudron filait vers le nord de ce littoral congolais, aujourd'hui, la piste de latérite gravillonneuse s'éloigne des vagues turbulentes de l'Atlantique. Direction le Gabon, j'entre dans le parc de Conkuati...
Les rencontres se suivent et ne se ressemblent pas. A 2 pas de Pointe-Noire, ville côtière pétrolière, se postent sur ma trajectoire 2 français en salopette orange fort intrigués de me voir pendre la langue ainsi dans la montée...
Marre de ces curés et de leurs chorales matinales dissonantes. Vite, je m'casse vers les "montagnes" du Mayombe, histoire de ne plus entendre les catastrophes vocales de ces "bénis-oui-oui". Bayo la savane, retour au chaos de la forêt...